L'Enchanteur pourrissant Guillaume Apollinaire et André Derain Henry Kahnweiler, 1909. |
Les
illustrations sont des bois gravés d'une extrême sensualité représentant des
femmes nues et des paysages de forêt vierge. Ces femmes très à l'aise dans cette
nature luxuriante semblent être dans une sorte d'Eden féminin. La seule représentation
masculine est celle d'un squelette. Les gravures avec le temps laissent des
traces marrons sur le revers de la page : d'autres dessins sont apparus, plus
calmes presque douceâtres.
Le texte d'Apollinaire raconte comment Merlin L'Enchanteur enterré vivant par
la Dame du Lac meurt seul et déjà sous terre. Le livre est dense avec une typographie
grasse et des illustrations touffues. La mise en page varie au cours du livre
: on trouve dans les deuxième et troisième pages, une très grande marge et un
interligne régulièrement espacé puis de plus en plus réduit. Le texte forme
un cœur sur le fond blanc. En revanche sur les quatrième et cinquième pages
la marge est très réduite et l'interligne plus étroit. La double page est prise
pour unité. Sur une autre page le texte semble prendre une forme de lance dont
le terme " L'Enchanteur " en est la tranche. On peut lire : "la blessure
du suicide", plus loin "j'apprends à redevenir poisson".
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Par des dispositions originales du texte sur la page, Kahnweiler invente des images typographiques qui concourent aux propos d'Apollinaire. Dans la dernière page l'interligne s'espace et semble se désagréger en accompagnant la situation décrite dans la narration. Dans ce livre la mise en page est partie prenante de l'illustration. Les lettrines, les bandeaux, les culs-de-lampes prennent en charge la narration directement à l'intérieur du texte à l'inverse des hors-texte qui l'accompagnent.