La révolution mallarméenne

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Le cubisme qui est à l'origine de l'art d'aujourd'hui, trouva chez Cézanne l'exemple qui lui permit d'édifier des architectures plastiques. C'est la lecture de Mallarmé qui donna aux peintures cubistes l'audace d'inventer librement des signes, avec la conviction que ces signes seraient tôt ou tard les objets signifiés pour les spectateurs. Fidèles à l'enseignement de Manet et de Mallarmé, les peintres cubistes faisaient de la peinture " avec des onguents et des couleurs".

Dans les ouvrages de Kahnweiler il ne s'agit pas d'ordonner un texte avec des images, mais deux écritures parallèles. Les illustrations ne viennent pas remplir un espace imprévu, mais bien qualifier un espace significatif qui est là dès l'écriture du livre. La figuration de la pensée du peintre est un élément essentiel au récit. Kahnweiler va qualifier ces blancs, déjà et toujours significatifs, avec des illustrations cubistes. Valery considérait Un Coup de dés comme " un bel album d'imagerie abstraite ". Kahnweiler va éditer de beaux albums d'imageries abstraites.


Chez Mallarmé comme chez Kahnweiler, la page est prise pour unité. La double page ouverte, celle qui n'est visible qu'à l'ouverture du livre et pas autrement. Celle qui reste entrouverte par la main du lecteur. L'unité n'est pas la même d'un livre à l'autre puisque c'est la page qui l'impose. Cette unité fait disparaître la pagination.

Les blancs qui étaient significatifs chez Mallarmé, deviennent, lorsqu'ils ont été qualifiés par des peintres, des stimulants. Ils assument toujours l'importance.
Dans les éditions de Kahnweiler " le papier intervient chaque fois qu'une image cesse ou rentre ". L'éditeur qualifie " la distance copiée qui sépare les mots " par l'image cubiste, l'Idée inventée par le peintre.
Pour Kahnweiler la peinture " ses lignes, ses formes ont pour fonction de composer des signes, et la peinture possède ainsi le caractère d'une figuration de la pensée par des signes graphiques, d'une écriture . " Ces mots résonnent comme l'écho de ceux de Valery contemplant le livre de Mallarmé dans lequel il lui sembla " voir la figuration d'une pensée, pour la première fois placée dans notre espace ". Ces blancs sont les signes graphiques d'une nouvelle écriture. L'écriture de Mallarmé et la peinture cubiste sont des " architectures graphiques " dans lesquelles " les intervalles sont chargés d'autant d'énergie que les figures qui (les) déterminent ".
Ci-dessous Le Couvent par Picasso dans Saint Matorel.