Ambroise Vollard
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Le premier livre que Vollard édite est Parallèlement de Paul Verlaine et Pierre Bonnard. On notera le caractère prémonitoire du titre qui définit si bien un livre de peintre dans lequel texte et illustrations se lisent en parallèle. Parallèlement est mis sous presse à l'Imprimerie Nationale qui dépendait alors du ministère de la Justice. La mention " par autorisation spéciale du Garde des Sceaux " est apposée par méprise sur des poèmes qui avaient déjà été condamnés et des illustrations quelque peu érotiques. Pourtant c'est ce scandale qui rendra par la suite Parallèlement si précieux aux collectionneurs et notamment les exemplaires ayant conservé la page mentionnée. Tout au long de sa carrière d'éditeur Vollard n'aura de cesse de vouloir séduire les Bibliophiles. Malheureusement ce premier ouvrage fit un tel éclat que l'ensemble de ses éditions fut systématiquement devancé par une sulfureuse réputation.

Chez Vollard les illustrations répondent aux suggestions que le texte fait lever dans l'esprit du peintre. Ce dernier part du texte et porté par lui en fait une version plastique. La facture des livres édités reste classique. L'illustration ne prend pas les reines du livre, elle reste un élément décoratif. Les livres édités par Vollard entament cette voie dans laquelle peintres et écrivains travaillent en parallèle.

" Je rêve d'anciens missels aux encadrements rythmiques, des lettres fastueuses des graduels, des premières gravures sur bois(…). L'illustration c'est la décoration d'un livre ! Trouver cette décoration sans servitude au texte, sans exacte correspondance du sujet avec l'écriture ; mais plutôt une broderie d'arabesques sur les pages, un accompagnement des lignes expressives. "

 

 

Au sujet de Mallarmé dont il devait éditer le Coup de dés illustré par Odilon Redon, il écrit :
" …Je tentai alors de faire imprimer le livre chez Didot, à qui je portai en même temps un poème de Mallarmé : Un coup de dés jamais n'abolira le hasard. J'attendis quelques jours et, ne recevant pas de réponse, je me rendis chez Didot. Ce fut le directeur lui-même qui me reçut : Quant à votre Coup de dés, vous reconnaîtrez vous-même qu'il s'agit là de l'œuvre d'un fou… "
Et il rappelle une lettre que Mallarmé lui envoie le 12 mai 1898 :
" Je suis heureux de me savoir édité, mon cher, par un marchand de tableaux ".
Ci-dessous L'oeil au pavot d'Odilon Redon.