Daniel
Henry Kahnweiler naît le 25 juin 1884 à Mannheim. Fils de bourgeois aisés, il
grandit à Stuttgart, où c'est au contact de son grand-oncle, Joseph Goldscheider,
" l'oncle amico ", qu'il est initié, lors de longues promenades, à la peinture
et à la musique. Le grand-oncle est un homme " excentrique ", " passionné de
liberté ", qui lui ouvre l'esprit et qui fait, en somme, son éducation visuelle.
Plus tard, l'adolescent fréquente les musées européens, il y découvre Boucher,
Chardin, Rembrandt et surtout Cranach. Il achète de premiers ouvrages, des livres
qui ne sont pas sans annoncer sa vocation.
A 18 ans il vient vivre à Paris, où il est apprenti agent de change. Sans aucune conviction pour son travail il passe ses trois heures de pause journalière au Louvre. Il y déambule seul s'initiant à la peinture avec Paolo Uccello et Vermeer. Au musée du Luxembourg, il veut découvrir " la salle Caillebotte ". Là, face au legs du peintre collectionneur Caillebotte, Kahnweiler découvre la peinture impressionniste. Bien que troublé par ses aplats de couleurs sans formes définies, il refuse de juger. Mais son œil s'arrête sur Cézanne, il y lit les prémices d'une nouvelle peinture dont il deviendra peu de temps après le fervent défenseur. Très vite il acquiert la conviction qu'il veut être marchand d'art. Kahnweiler avait déjà la conscience qu'il était, " non un créateur, mais plutôt, (…), un intermédiaire dans un sens relativement noble, (…), n'étant pas capable de composer . " Pour lui, il n'est que deux grands marchands de tableaux : Ambroise Vollard et Durand-Ruel. Ils resteront des guides, " ses maîtres ".